Nouveauté Décembre 2020 :

Attaché culturel de la ville de Gennevilliers, poète et photographe, Guillaume Déloire a publié aux Vanneaux Le Graillon (2018), Cheville ouvrière (2019). A paraître en décembre.

Avec son troisième livre écrit quelques mois avant la crise sanitaire au fil d’un quotidien nouveau pour l’auteur, transformé à cause du chien, Guillaume Déloire offre au lecteur vite conquis toute une série de scènes très vivantes du temps ordinaire. Elles résonnent comme une musique joyeuse. Réflexions, poèmes, dialogues nous touchent, parce que drôles et profonds à la fois, ils offrent au lecteur tout ce dont on a besoin dans ces moments compliqués de confinement, de solitude et de doute. Au fil des pages, on croise des inconnus, parfois des célébrités, tous liés par leur rapport au meilleur ami de l’homme. Mais Because of the dog n’est pas un livre animalier, pas davantage une apologie du chien, ni de la vie avec un chien. Mises bout à bout, ces chroniques du quotidien d’un poète avec son chien, ont l’attrait de ces albums qu’on pensait feuilleter sans vraiment les lire mais qui soudain nous prennent en entier, nous font rire aussi, nous charment et nous émeuvent vraiment. Défini comme récit(s), ce livre se déguste comme un roman et chante la vie comme un poème. Il faut beaucoup de talent pour transmettre au lecteur, page après page, le « détail qui le bouleverse, détail futile le plus souvent… le poète note au jour le jour ce qui fait le sel de sa vie, non sans jouer sur les mots, non sans un certain humour ; » (Angèle Paoli). N’est-ce pas ce dont nous avons besoin en ce moment ? A lire et à faire lire.

Thibault Biscarrat, L’Homme des grands départs

Préface de Patricia Boyer de Latour | Illustration couverture : Olaf Idalie | 39 pages  / Prix : 16 euros ISBN 978-2-37129-138-6

L’ouvrage : Avec ce quatrième livre, le second publié par les Éditions des Vanneaux. Thibault Biscarrat poursuit son cheminement littéraire au rythme de sa réflexion métaphysique qui le plonge depuis sa première jeunesse dans la connaissance des grandes mystiques traditionnelles comme un voyage permanent à la recherche de ces « accords mystérieux qui résonnent dans le lointain », la voix peut-être celle du « dieu aux yeux bleus d’orage et de foudre », avançant pour sortir de l’exode, d’une poignée de sable, du vol des oiseaux dans le ciel, le poète déchiffre des signes et des présages. Autant d’éléments de réponse aux questions qui assaillent son cœur depuis bien avant lui. « Qui suis-je ? » se demande le poète. « Mon nom est une énigme » répond-il en écho… Et l’on pense à Ulysse dont le nom est « Personne ». Mais d’où vient-il, l’auteur de ce texte, s’interroge Patricia Boyer de Latour dans sa magnifique préface ?

Cet homme n’est plus un jeune homme, c’est un homme jeune de quarante ans qui vit en poésie depuis toujours. Il avance par fragments, séquences et fulgurances, psalmodiant un chant d’amour ou de désastre, c’est selon. En quête d’ailleurs en tout cas, et de lui dans l’errance, pour se retrouver et renaître à la Parole, à l’origine de tout ce cheminement. Amant de la langue aimée, la cherchant dans l’abîme des mots incertains qui, au fil de la marche, s’assemblent, s’aimantent et se concertent dans un flamboiement désiré. Il s’attarde au désert, a soif d’ascèse, se cherche encore, se cherche toujours. « Je parle à la terre et je m’instruis. / Puis je dialogue avec les nuages. / Je tiens dans ma main une poignée de sable. / Tout vit, tout meurt, tout s’écoule, tout s’éloigne. / Je déchiffre le vol des oiseaux dans le ciel. » Et s’il prend enfin son envol loin des mammifères lourds, il entrevoit alors le paradis. Ce sera une cosmologie réinventée à volonté. « L’amour est fort comme la mort » se disent les amants dans le Cantique des cantiques. À chacun d’y puiser ses trésors. « Elle est retrouvée. / Quoi ? – L’Eternité » écrit Rimbaud. Il n’a pas dit l’immortalité, autre enfer des dieux grecs. « C’est la mer allée / Avec le soleil », répond le Poète. Autrement dit, la vie vécue, la vie rêvée, la vie donnée, impérieuse, tragique et tranquille, qui se souvient de l’exode des hommes. « Le silence est la secrète ponctuation » propose Biscarrat. « Je suis. là, / Présent au monde/ Et les sentiers brûlent sous mes pas. ».

Ne pas en dire plus. « Seul le texte doit parler » explique à mi-voix Thibault Biscarrat. Il est ce poète nomade qui chemine avant tout sur les sentiers escarpés de la mémoire et des livres. Du Livre bien sûr, mais encore de tous les autres, qu’il dévore comme un ogre, assoiffé de connaissances, de chiffres, de lettres et de preuves. Comme un humble prophète aussi, du presque rien qui est tout et à qui la vie se révèle au fil des pages pour peu qu’il sache voir, jour après jour, nuit après nuit, les pierres et les fleurs et le feu sur sa route.

L’auteur : Écrivain et musicien, Thibault Biscarrat (1979) a publié aux Éditions Abordo : « Dolmancé » (2015) – finaliste 2016 du prix pour le premier recueil de poésie Fondation Antoine et Marie-Hélène Labbé-, « Le Dernier Lieu » (2016) ainsi que « Le Livre de mémoire suivi de La lettre première » (2019) aux Éditions Des Vanneaux, finaliste des Honneurs 2019de la Cause Littéraire. Il a publié des textes dans diverses revues : Phaéton, Écrit(s) du Nord, les Cahiers de Tinbad. Tout dans son œuvre, interroge les rapports entre le langage et le réel ; le surgissement de la parole en tant que poésie, la poésie pensée ; le lien entre les fragments et le Livre.

Patricia Boyer de Latour : Journaliste, grand reporter au Figaro, auteur (« Plaisirs », un livre d’entretiens avec Dominique Rolin (Gallimard) et « L’Esprit en fête », co-écrit avec Michel David-Weill (Robert Laffont). Fondatrice du prix littéraire de La Sérénissime elle est membre de plusieurs jurys littéraires dont le prix Saint-Simon. Elle s’intéresse à la création contemporaine dans tous les domaines, aux relations internationales ainsi qu’à l’histoire des civilisations. Elle enseigne à l’Ecole Supérieure de Journalisme.