Poser la voix dans les mains – Lysiane Schlechter et Michaël Glück

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30 euros Buy Now Button

surgit d’un mamelon de terre surgit du grand corps continental surgit s’élève se dresse
comme un tétin qui
s’ouvre se fend se fendille s’engendre citadelle
avec murailles muettes
et l’oeil

ou bien le désir cherche citadelle

jumelle enclose sur
on ne sait quelle veille des morts
au loin là-haut au bout du désert
ou peut-être ne s’agit-il que d’une réplique rangeant la peur dans la mémoire
une réplique d’ Elseneur
avec Ophélie des sables

il fallut commencer par conter une histoire

argile fragile
une pâleur de porcelaine biscuit des trépassés

les villes commencent sur les tertres par la dévotion au disparus
les villes sont nécropoles

ô corps vêtus de lin
ô corps tressé de chanvre

la pâle Ophélia flotte comme une rose qui meurt entre les dunes
tourmentée par simoun ou sirocco

« et derrière ces murailles on attend sans se lasser »

de quelle soif ici de quelle guerre quelles amours ne se remet-on jamais

jamais

une corde de l’oud
dans le silence s’est cassée

Demeures d’espacement : article de Catherine Pomparat sur l’exposition de Lysiane Schlechter, paru dans Remue.net

http://remue.net/spip.php?article6678

« Intimes Archétypes » de Lysiane Schlechter

Galerie Première Ligne, jusqu’à la fin mai
8 rue Teulère, Bordeaux.

 Exposés actuellement dans la Galerie Première Ligne [1] habitée en poésies écrites et dessinées par Cécile Odartchenko, les blocs de matière de l’artiste luxembourgeoise Lysiane Schlechter (papier, carton, colle, fil de fer, pâte à modeler, bois, verre, pigments colorés …) reconduisent leurs formes dans ma « main de lecture » singulièrement serrée par les mains d’écriture du poèteLambert Schlechter qui parle Le Murmure du monde aux côtés des sculptures de sa sœur.

C’est l’écho de cette reconduction qui est noté, de sculpture en sculpture, dans les existences méridiennes de ces demeures d’espacement.

Il n’est pas d’espacement tangible. Malgré l’absence de matérialité entre les choses, avec la matière, la sculpture touche la distance impossible à figurer.

WALDRAND[Waldrand] Une forêt de troncs célestes dont les cimes se rendent haut les mains à la lisière

DAS GROSSE RASENSTÜCK[Das Grosse Rasenstück] Le monde des « Intimes archétypes » [3] est sans mesures. Ou bien l’herbe pousse trop vite ou bien les attouchements de la rosée rétrécissent la chaise

LA FOLIE DE HÖLDERLIN ( détail )La folie de Hölderlin] Une tour de campanile construite en briques de langue dont un pan de mur effondré découvre la petiterie (Lambert Schlechter, Piéton sur la voie lactée) du poète jailli

reaching for the sky[Reaching for the sky] (Ce qui reste de la Tour en vérité est le sommet.) Un vestige fait de langage dont la folie est de toucher le ciel

Sagrada Familia[Sagrada Familia] Une basilique du futur antérieur dont les maçonneries virtuoses découpent l’imperméabilité babélienne

termitière[Termitière] Un monticule de terre en équilibre dont le fourmillement creuse la portée de l’élévation. (Les vides de la construction ne sont pas des creux de langage mais des oscillations entre la présence et l’absence d’un nom.)

13 pour le musicien inconnu P1080271[Pour le musicien inconnu] Une perturbation biosphérique désarme le soliste assis sur le plus haut trône du monde. On ne rivalise pas avec le chant de la Terre.

LE CHIEN DE TARKOVSKY[Le chien de Tarkovski] Un chien attend l’intonation de son maître dont les variations de hauteur provoquent l’avalanche des pierres qui l’enserrent

2 Black Angels P1070931 -[Black Angels] peut-être pas le monde de la bourgeoisie catholique bordelaise  (Les Anges noirs de François Mauriac (1936)) dont le décor écrase l’arbre de vie d’ambitions d’aigle et de faux semblants de corbeau

12 portrait de narcisse[Portrait de Narcisse] peut-être pas davantage une chanson du Velvet Underground and Nico (Nico joue un rôle dans la Tempesta)

8 from shadow into light P1080355[From shadow into light] Une lanterne renversant l’ombre vers la lumière dont le déplacement ne manque pas la joie

ESPACE DE VIE[Espace de vie] Un lit veille et réveille les mêmes rêves chaque nuit dont chaque jour les reconstruit sans en avoir vraiment détruit l’image.

 

Les oeuvres ci-dessous ont été photographiées par l’artiste.

VIGIE[La Vigie] (Voir jusque au centre de la Terre.) Un bouquetin très haut dans les nuages déploie ses visions le long des racines les plus enfouies.

21 Twilight Path P1050726 -[Twilight Path] Une faille ouvre un chemin transducteur.

17 Schatzinsel P1040626[Schatzinsel] Une Île recouvre le Trésor d’un « double bind » dont la duplicité (des formes) à la fois visible et cachée resserre et élargit l’écart entre l’émerveillement de la découverte et la catastrophe pressentie.

tempesta[Tempesta] L’arbre mort ressuscite dans un coup de vent une tempête dont les lignes jouent du violoncelle.

LICHTUNG[Lichtung] Un chevreuil surpris dans une clairière dont l’étonnement hésite entre la lumière et l’enfoncement du dedans.

abri[Abri] (Le frère d’Anubis est un chien.) La «Escalera de la Vida » traverse une pyramide dont le sommet porte un columbarium d’âmes.

ENVOL[EnvolÉbruitée doucement par un vol de vanneaux (René-Guy Cadou), la musique déniche les premiers œufs du printemps. Écho soulève l’oiseau de Pierre en première ligne.

ECLOSION[Éclosion] Une oie blanche a brisé les quatre dimensions d’une mappemonde qui n’est peut-être pas le monde.

hommage à Hokusai[Hommage à Hokusai] peut-être seulement une immense Vague qui porte et déporte indéfiniment l’existence d’un cachalot blanc au pinacle d’un Hollandais volant.

19 TWILIGHT City P1050747 -[Twilight City] Un murmure de crépuscule dont l’ombre prend congé en ouvrant la porte d’une ville souterraine.

11 partir[Partir] Partir.

 

Pour les prix : nous contacter.

Vernissage le 17 Avril à la galerie Première Ligne de l’artiste Lysiane Schlechter

WALDRAND

Exposition Lysiane Schlechter à la galerie Première Ligne

8 Rue Teulère
Vernissage le 17 avril, à la galerie, en présence de son frère, poète et philosophe du Luxembourg, Lambert Schlechter qui fera une lecture à 19 heures
Ensuite, réception dinatoire chez Marie Sargos Teisserenc, 70 Cours Alsace Loraine : cocktail dînatoire préparé par le restaurant Les Tontons dont le Chef est Philippe Lafargue….
Réservation au 05 24 60 09 06
DAS GROSSE RASENSTÜCK
Intimes archétypes
Les sculptures de Lysiane Schlechter
« Il se perd au loin, très loin dans la nuit des temps, le premier geste de prendre dans les doigts de la matière, une poignée de limon à pétrir, un bout de bois à façonner, un galet à tailler, afin de former une image, représenter un rêve, une hantise, un fantasme.
Il reste quelque chose de ce geste primordial chez Lysiane Schlechter qui avec ses matières premières, papier / colle / fil de fer / pâte à modeler / verre / bois / styropore / pigments de couleurs, élabore la magie de ses images pour créer un univers visuel & visionnaire à la fois tout originel et plein d’archaïques références.
Le spectateur qui se laisse aller au vertige de la contemplation de ces œuvres trouvera sans doute au fond de lui-même toutes sortes de réminiscences qui lui rendent ces visions étrangement familières.
L’artiste nous convie dans un domaine où cohabitent des archétypes immémoriaux avec les plus intimes empreintes de l’enfance.
Les éléments formels sont puisés autant dans le monde vivant, animal & végétal : élan et foisonnement, que dans l’univers minéral : construction et architecture. Les thématiques vibrent dans des polarités entre espérance et menace, confiance et angoisse, échec et ouverture.
Aveux pudiquement esquissés et déclarations tempérées par l’ironie — hantise de la grotte, nostalgie de la demeure, rêve de l’envol, hurlement vers le ciel, fascination de l’égarement, trouble de la démence — l’énigme et le mystère prédominent.
Les interprétations sont ouvertes : les franges du sens sont perméables. »
Lambert Schlechter
ECLOSION    8 from shadow into light P1080355   ESPACE DE VIE